Recrutement de deux jeunes chercheur.euses (CDD CNRS, 20 mois) dans le cadre du programme ANR SAHA

Image: Unsplash

(below in English) 

Date limite de candidature : le mercredi 12 novembre 2025 23:59:00 heure de Paris

Date des auditions : 25 novembre 2025 (Zoom)

Le projet de recherche

SAHA est un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche (France) et basé à l’Institut français du Proche-Orient (Liban).

SAHA a pour objectif d’étudier la structuration d’un secteur d’action publique en santé mentale dans le contexte de guerre et de crises multisectorielles que traverse le Liban ces dernières années. Dans ce contexte d’érosion voire de disparition de droits – à la santé mais aussi au logement ou encore à l’éducation – et d’exacerbation des inégalités face à la mort et à la maladie, comment et dans quels termes se définit et se construit un droit à la santé mentale lorsque les inégalités politiques, sociales et économiques organisent jusqu’aux plus fins plis du quotidien de la majorité des populations, et que la guerre est un possible constamment réactualisé ? Qu’est-ce que ce mouvement d’étatisation de la santé mentale nous dit plus largement du fonctionnement routinier du système de santé libanais et, partant, des contours de ce qui fait État (social) ou non dans le Liban contemporain ? Comment les personnes qui tentent de (se) soigner naviguent avec la raréfaction voire la disparition des ressources, mais aussi les bombardements, le deuil ou encore la perte d’un emploi ? Ce projet mobilise une équipe interdisciplinaire de chercheurs en sociologie, science politique, économie, santé publique, anthropologie et psychologie autour d’un double objectif :

  • Organiser une réflexion collective sur les bouleversements contemporains du système de santé au Liban et sur les reconfigurations du secteur de la santé mentale depuis sa mise à l’agenda avec la « crise des réfugiés » irakiens et syriens. L’enquête interdisciplinaire portera une attention particulière à ce qui fait continuité ou rupture dans l’histoire au long cours du gouvernement de la santé au Liban, et aux processus de politisation et de dépolitisation du soin et de la souffrance.
  • Construire un espace de savoirs partagés et accessibles. L’enjeu ici est de rassembler les acteurs de la recherche en santé au Liban, et d’explorer différentes méthodologies créatives reposant sur des collaborations entre artistes, chercheurs, experts, patients, etc. pour imaginer un espace de savoirs partagés et accessibles, en particulier aux personnes confrontées à ces crises.

Le projet SAHA propose l’entrée empirique de la santé mentale pour comprendre comment se déploie la question du droit à la santé dans un système structurellement inégalitaire, où la fragmentation et l’hybridation de l’action publique en santé et la raréfaction des ressources – humaines, financières et matérielles – de soins font normes. Il se structure autour des deux axes principaux suivants :

Axe 1 : Cartographier le secteur de la santé mentale dans les crises

Dans ce premier axe, il s’agit d’étudier l’articulation entre la création d’une politique de santé mentale et la mise en place de multiples dispositifs de gestion de crises, pour saisir comment se jouent, dans ces différentes temporalités et politiques, la définition des acteurs légitimes à gouverner et la répartition de responsabilités dans la prise en charge de la santé. L’objectif est d’identifier la diversité des acteurs qui participent à ce secteur, les discours sur la santé mentale qu’ils promeuvent, les politiques et financements mis en œuvre aux échelles nationale et locale, ainsi que leurs cadrages sur la guerre et les crises (ou l’absence de ceux-ci).

D’une part, il s’agit de documenter les dispositifs mis en œuvre pour suppléer à ces réductions drastiques de moyens (humains, financiers, matériels) dès 2019. D’autre part, l’enjeu est de faire sens des liens entre ces dispositifs de crises et les différentes réformes portées par le « Programme national de santé mentale » depuis sa création pour l’institutionnalisation de droits en matière de santé mentale. Il s’agit d’analyser comment ce travail politique et administratif s’arrime aux crises en cours, voire s’appuie sur elles pour réorganiser l’action publique en santé. Et d’interroger, dans ces discours et pratiques qui construisent les crises comme opportunités pour construire des droits en santé (notamment dans la lignée de l’approche de l’OMS), ce que recouvre concrètement cette notion de droit. Il s’agit enfin de resituer ces discours et pratiques dans le temps long de la construction de l’État libanais, en mettant au jour comment ils s’inscrivent dans la continuité ou en rupture avec les dispositifs de soins et de prise en charge préexistants.

Axe 2 : Une analyse des parcours de soins en santé mentale :

Ce second axe vise à comprendre les pratiques et relations qui permettent à la vie d’exister et de se maintenir lors des crises (épidémique, sociale, politique, de guerre, etc.). La notion de “parcours de soins” fait référence aux cheminements entre différents modes de prise en charge (par exemple auprès d’un spécialiste, à l’hôpital, à la pharmacie, en groupe de parole, etc.). Il s’agit ici de penser le soin en santé mentale dans la longue durée, à l’échelle des vies contemporaines. Il s’agit également de replacer l’intime dans des processus de précarisation et de violences politiques, sociaux et économiques qui débordent les événements et font lien entre eux : les guerres (entre 1975-1990, de 2006 ou encore depuis 2023), les occupations et les déplacements, les crises économiques et les reconfigurations de l’emploi, etc. Une attention sera portée aux  parcours de trois groupes affectés différemment par les crises et la guerre dans différents centres politiques urbains – Beyrouth, Tripoli et Nabatieh : les retraités de la fonction publique dont la couverture santé et les rémunérations ont été les plus touchées par la dévaluation de la livre libanaise ; les personnes confrontées à des conditions de santé graves et invalidantes (à l’instar du cancer, ou en situation de handicap lourd engageant des frais importants) ; et les populations déplacées (réfugiés syriens, réfugiés palestiniens, ou encore habitants du Liban Sud et de la banlieue de Beyrouth).

2 Postes ouverts :

 

 

  • Le.a chercheur.e recruté.e pour le poste sociologie/ anthropologie contribuera en particulier à l’axe 1, notamment à l’analyse des transformations du corps médical, des formations et du champ des professionnels de la santé mentale. Une problématisation originale de l’entrée par les carrières et formations des professionnels sera appréciée dans l’évaluation des candidatures.
  • Le.a chercheur.e recruté.e pour le poste psychologie/ anthropologie enquêtera sur les parcours de soins au sein des groupes désignés plus haut. Ayant une expertise en psychiatrie ou en psychologie, il.elle étudiera en particulier les parcours de soins dans les unités d’internement (dans des hôpitaux psychiatriques privés historiques, mais aussi dans des unités de soins psychiatriques d’hôpitaux publics). Une problématisation originale de l’entrée par les parcours de soins sera appréciée dans l’évaluation des candidatures.

Activités des postdoctorant.e.s recruté.e.s :

  • Rédaction et publication de travaux de recherche en lien avec le projet SAHA.
  • Participation aux activités du projet SAHA et à son organisation.
  • Participation à la vie scientifique du laboratoire.

Compétences attendues :

  • Titulaire d’un doctorat (pour le poste 1 spécialisation en sociologie/ anthropologie ; et pour le poste 2 spécialisation en psychologie/psychiatrie avec une expérience de recherche en anthropologie)
  • Maîtrise orale et écrite de l’arabe, de l’anglais, et du français.
  • Expérience dans la rédaction et la publication d’articles scientifiques.

Rémunération :

  • Poste (20 mois à partir du 1er janvier 2026) à quotité de travail 60%.
  • Salaire jeune chercheur, grille CNRS 1795 euros brut + 15% IRE. Le.a candidat.e doit être résident.e au Liban au moment de la candidature.

Procédure pour candidater

Merci de suivre les 2 étapes suivantes :

N’hésitez pas à contacter s.saeidnia@ifporient.org pour toutes questions.

Institution
Application date
Duration
20 mois
Discipline
Humanities : Anthropology & Ethnology
Social sciences : Economy, Psychology & Cognitive Sciences, Political science, Sociology