Chercheur postdoctorant H/F en analyse de données, géovisualisation, globes virtuels
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Informations générales
Intitulé de l'offre : Chercheur postdoctorant H/F en analyse de données, géovisualisation, globes virtuels
Référence : UMR5319-ISANIC-003
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : PESSAC
Date de publication : jeudi 14 septembre 2023
Type de contrat : CDD Scientifique
Durée du contrat : 18 mois
Date d'embauche prévue : 13 novembre 2023
Quotité de travail : Temps complet
Rémunération : entre 2905 € et 4081 € bruts mensuels selon expérience
Niveau d'études souhaité : Niveau 8 - (Doctorat)
Expérience souhaitée : 1 à 4 années
Section(s) CN : Espaces, territoires, sociétés
Missions
SPHEROGRAPHIA est un projet de recherche financé par l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour trois ans à compter de janvier 2023 (ANR-22-CE-55-0005-01).
Ce contrat post-doctoral de dix-huit mois, avec possibilité de prolongement de 4 à 5 mois supplémentaires, vise à renforcer l'équipe pour travailler sur le 3ème axe du projet dédié à l'analyse des données des globes virtuels. Selon les disponibilités de la personne retenue, il pourra débuter entre novembre 2023 et février 2024.
CONTEXTE :
Du discours fondateur d'Al Gore « The Digital Earth: Understanding our planet in the 21st Century » prononcé en 1998, à la sortie du service Timelapse de Google[1] en avril 2021, le recours aux globes virtuels a connu une croissance remarquable ces 20 dernières années. Ils s'inscrivent dans le prolongement des représentations iconographiques classiques du Monde (Cosgrove, 2001) et sont les héritiers à la fois des méthodes et du regard militaire de la cartographie moderne (Desbois, 2015) et des technologies géomatiques. Omniprésents dans les documentaires[2], les rapports scientifiques[3], les événements internationaux[4], les musées[5] ou les œuvres de fiction, les globes virtuels apparaissent ainsi comme l'un des derniers avatars des mises en cartes des changements globaux. Dépassant les seules finalités esthétiques, ces images de la Terre vue de l'espace contribuent à façonner nos imaginaires et la manière dont les questions environnementales sont pensées (Grevsmühl, 2017) et évaluées. Elles assoient leur autorité sur des publications issues de revues et d'organisations internationales ou de sociétés savantes[6] spécialisées dans la construction de jumeaux numériques de la Terre[7]. Les globes virtuels sont ainsi investis tant par les sphères politiques que scientifiques et opérationnelles. Dans une perspective anthropocénique, ils tendent à supplanter les planisphères : plus synthétiques, ils favorisent une vision holistique de ce qui advient à la Terre comme un tout (Fressoz et Bonneuil, 2016).
Ces visualisations surplombantes, répandues et convenues, lissent l'espace, gomment ses irrégularités et invisibilisent nos différents niveaux de connaissance des territoires. Non, nous ne connaissons pas le monde de manière continue et uniforme. Les narrations globalisantes – des grands récits sur la mondialisation aux discours eschatologiques sur les évolutions anthropocéniques - qui se nourrissent (et nourrissent) les globes virtuels occultent l'inégale géonumérisation du Monde. L'un des objectifs du projet SPHEROGRAPHIA est précisément de démontrer que la fracture numérique, souvent abordée par l'unique prisme de l'inégal accès aux réseaux hauts débits, se double d'une fracture informationnelle : les déluges de données ne couvrent pas uniformément les globes virtuels, les blancs des cartes et autres déserts de données sont encore une réalité dans de nombreuses régions du Monde. Le projet SPHEROGRAPHIA vise à proposer une analyse critique de ces artefacts numériques en articulant deux approches : celle de leur fabrique d'une part, pour déconstruire les processus sociotechniques qui participent à la mise en récit (carto-)graphique des changements globaux et révéler la disparité des données sous-jacentes à ces visualisations ; d'autre part, le décryptage de la performativité de ces globes virtuels sur les imaginaires et les engagements politiques de celles et ceux qui les mobilisent ou les alimentent. L'originalité du projet est alors de se saisir d'un objet encore peu travaillé (les globes virtuels) pour aborder la problématique de l'équité informationnelle des territoires en combinant une approche plurielle (analyse spatiale, analyse de discours, géovisualisation, observation participante, création Arts/Sciences) et multiscalaire. Plusieurs axes d'analyse sont envisagés dans ce projet :
- Un inventaire des globes virtuels pour évaluer leurs spécifications techniques et sémiotiques pour comprendre les visions esthétiques du monde qu'ils renvoient.
- Des entretiens avec les promoteurs de ces globes virtuels pour montrer comment ils s'inscrivent ou non dans la continuité des images de l'environnement global.
- Une déconstruction de leur contenu par une analyse de leur source en mettant en évidence les blancs des cartes, ces « déserts de données » que les globes masquent.
- Une co-construction avec des artistes d'autres formes de représentations du Monde pour montrer son inégale géonumérisation.
L'objectif de ce contrat postdoctoral est de contribuer à l'axe 3 du projet. L'équipe est constituée de dix chercheurs français (géographie sociale et culturelle, géographie politique de l'environnement, sciences de l'information géographique, cartographie, sémiotique, histoire environnementale) et quatre groupes d'ingénieurs (géomatique, cartographie, statistique, humanités numériques). Trois laboratoires de recherche étrangers sont associés (Université Laval à Québec, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et Université de Genève) ainsi que trois collectifs d'artistes (arts plastiques, arts numériques et maitre-artisan fabriquant de globes).
[1] Le 15 avril 2021, Google Earth s'est enrichi de la fonctionnalité Timelapse qui permet de visualiser, en tout point du globe, l'évolution de 1984 à 2020 de l'occupation des sols. 20 millions d'images satellites ont été assemblées pour constituer 37 couvertures annuelles mondiales.
[2] Les globes virtuels assurent, par exemple, le fil narratif du documentaire Notre planète a ses limites. L'alerte de la science et du livre Breaking Boundaries: The Science Behind our Planet, préfacé par Greta Thunberg, qui accompagne sa sortie sur Netflix (sept. 2021).
[3] Les globes produits par le Met Office Hadley Centre à partir des scenarii d'évolution du climat sont, par exemple, repris par le GIEC ou l'IPBES.
[4] Les nombreux outils de visualisations de la biodiversité présentés au congrès de l'UICN (Marseille, sept. 2021) en sont de bons exemples.
[5] L'agence américaine NOAA a créé Science On a Sphere® : un équipement muséographique qui permet de projeter des données sur un globe de plusieurs mètres de diamètre. Installé dans 23 pays, ce dispositif matériel se double d'un site Web (https://sos.noaa.gov/).
[6] L'International Society for Digital Earth créée à Pékin en 2006 et l'International Journal of Digital Earth, édité depuis 2011, témoignent du rayonnement international et de la dynamique de cette alliance interdisciplinaire.
[7] L'Agence Spatiale Européenne (ESA) pilote le programme Digital Twin Earth qui vise à stimuler des applications qui combinent l'intelligence artificielle et les données massives d'observation de la Terre pour fournir des prévisions sur l'impact du changement climatique.
La personne recrutée sera impliquée dans la conception puis dans l'implémentation d'un programme d'analyse des sources de données qui drapent les globes virtuels. Il s'agira de concevoir un programme qui extrait, analyse et spatialise la couverture thématique, géographique et temporelle des bases de données planétaires utilisées par les globes pour mettre en évidence les effets d'hétérogénéité, de concentration ou encore leurs déserts de données.
Activités
Le travail de recherche postdoctoral se concentrera sur trois points principaux :
- la conception d'un programme d'exploration des données des globes virtuels,
- le développement de programmes d'analyse spatiale, à façon en fonction des globes analysés,
- l'expérimentation de géovisualisations innovantes pour montrer les résultats obtenus. Cinq ou six globes virtuels seront traités en priorité autour des thématiques de la biodiversité, de la déforestation, des océans, de la répartition de la population et de l'imagerie satellite.
La personne recrutée travaillera en étroite relation avec plusieurs équipes du projet : avec un doctorant de l'Université Laval (Québec) et les équipes de PASSAGES et PRODIG pour la conceptualisation de la notion de désert de données (1), avec les équipes d'ingénieurs de PASSAGES et de LETG pour le développement du programme d'analyse (2), avec les équipes de PASSAGES, de LETG, d'EVS et du LISST pour la recherche de géovisualisations innovantes. Pour ce dernier point, une collaboration avec les collectifs d'artistes associés au projet (arts plastiques, arts numériques) pourra être envisagée pour explorer des valorisations inédites des résultats susceptibles d'alimenter les expositions itinérantes associées au projet.
Compétences
Connaissances attendues :
- Expertise sur le champ du développement web et de ses enjeux.
- Connaissance approfondie de systèmes de gestion de base de données.
- Connaissance des enjeux liés au champ de la data science (notamment l'analyse des données spatiales et statistique).
- Connaissance des enjeux de la (géo)visualisation et de la sémiologie graphique.
- Connaissance de la règlementation et des enjeux de la protection des données personnelles.
Savoir-faire :
- Maitriser un langage de programmation pour automatiser une chaine de traitement (Python, R)
- Maitriser un langage de programmation orienté web (Javascript, HTML , CSS).
- Maitriser un système de gestion de base de données (PostgreSQL, PostGis).
- Savoir utiliser un système d'information géographique (QGIS).
- Savoir constituer une base de données depuis le web.
- Être en mesure de réaliser une analyse spatiale et statistique des données.
- Avoir de bonnes qualités rédactionnelles.
Savoir-être :
- Intérêt pour la science ouverte et les questions de reproductibilité.
- Intérêt pour les approches exploratoires et la géovisualisation de données
- Goût du travail en équipe
- Créativité, capacité d'auto-apprentissage, être force de proposition
- Appétence pour les collaborations Arts / Sciences
Contexte de travail
Le ou la candidate travaillera au sein de l'Unité Mixte de Recherche (UMR) PASSAGES dont le siège est à la Maison des Suds (Pessac) mais qui dispose également de locaux à Bordeaux, Talence et Bayonne. Il ou elle participera à la vie active du laboratoire : séminaires, assemblées générales et à l'atelier transversal « mesure et démesure ».
Il ou elle sera encadré par Matthieu Noucher, chercheur au CNRS à Bordeaux (France), spécialiste des enjeux politiques de la cartographie et de la géomatique qui assure la coordination du projet SPHEROGRAPHIA[1].
[1] https://spherographia.cnrs.fr/
Un soutien à des candidatures pour des postes dans l'ESR sera également proposé.
Contraintes et risques
Des déplacements ponctuels chez les partenaires du projet (Paris, Brest, Nantes, Toulouse, Lyon) sont à envisager. Deux missions d'accompagnement à l'installation de l'exposition itinérante (Mana, Guyane française en 2024 et Val d'Or, Québec en 2025) sont possibles.
Informations complémentaires
Le ou la candidate devra fournir un CV incluant les publications, ainsi qu'une lettre de motivation (deux pages) décrivant son expérience de la recherche et son appétence pour le sujet.