Impact social dans la lutte contre le covid19

Lutte contre le Covid-19 : quel impact social des mesures sanitaires pour les plus vulnérables ?

Dans chaque pays où il est représenté, le Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge a un rôle de premier plan à jouer dans la lutte contre cette pandémie mondiale. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), en étroite collaboration avec les partenaires de santé mondiaux et locaux, fournit une évaluation continue des risques et des orientations pour aider les sociétés nationales à mettre en œuvre une riposte épidémique, un soutien social et des activités d’atténuation de l’impact épidémique. En collaboration avec l’OMS et l’UNICEF, la FICR a mis au point un modèle de stratégie et des directives RCCE (Communication des risques et engagement communautaire) avec des recommandations pour chaque phase de l’épidémie (préparation, confinement et atténuation). Aussi, au-delà de l’appui technique à certaines sociétés nationales, la FICR utilise des outils d’évaluation opérationnelle développés pour recueillir les perceptions et la compréhension de l’épidémie par les populations et suivre les retours d’information et les rumeurs qui peuvent éclairer une préparation et une riposte à l’épidémie plus solides.

Parmi les questions prioritaires identifiées, cette feuille de route encourage les activités de recherche traitant des impacts secondaires des mesures sanitaires de réponse, notamment le confinement, sur les personnes les plus vulnérables et isolées. Quelles sont les approches pertinentes, faisables et efficaces pour promouvoir l’acceptation, l’adoption et le respect des mesures de santé publique pour la prévention et le contrôle du Covid-19, et comment les impacts secondaires peuvent-ils être rapidement identifiés et atténués ? Les interventions de santé publique contre les épidémies sont l’épine dorsale de toute réponse. Ces interventions ont une logique biomédicale claire mais nécessitent une coopération des citoyens pour être efficaces. Elles sont plus susceptibles d’être acceptées et donc mises en œuvre par les populations affectées si elles sont conçues de manière à tenir compte des réalités sociales et si elles anticipent et atténuent par ailleurs leurs impacts sociaux et économiques secondaires. L’identification de ces impacts secondaires, du creusement des vulnérabilités préexistantes ou des nouvelles vulnérabilités qu’elles engendrent est donc un enjeu important de la réussite de la réponse à l’épidémie, pour tous les acteurs qui la portent.

La Fondation Croix-Rouge se mobilise afin d’encourager cet effort en proposant une bourse de recherche en sciences humaines et sociales pour étudier les conséquences sociales de la mise en place des mesures sanitaires pour lutter contre le Covid-19, notamment sur les personnes les plus vulnérables. Dans une préoccupation de recherche appliquée pouvant aider à mieux se préparer pour de futurs évènements similaires – dans les pays du Nord comme du Sud –, cette bourse permettra d’étudier également les conséquences de ces mesures sur les acteurs humanitaires et sociaux engagés dans la réponse à cette épidémie, comme les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en première ligne face au Covid-19. Face à l’apparition de nouvelles vulnérabilités et à l’augmentation des besoins, les organisations de la société civile ont mis en place des actions innovantes et adaptées à la situation, transformant la réponse humanitaire et sociale à cette épidémie.

L’épidémie de Covid-19 engendre dans de nombreux pays une crise sanitaire, économique et sociale sans précédent. Alors que la plupart des recherches publiées sur le Covid-19 se sont d’abord concentrées sur la virologie, l’épidémiologie et les aspects cliniques du virus, des publications de chercheurs en sciences humaines et sociales (sociologues, économistes, politologues…) ont commencé à mettre en évidence ses impacts sociaux. Leurs résultats sont sans appel : les mesures sanitaires de réponse mises en œuvre pour lutter contre l’épidémie (quarantaine, isolement, confinement total de la population…) partagent une indéniable utilité sanitaire, mais engendrent également des conséquences psychologiques et sociales très importantes et encore mal connues.

La quarantaine, par exemple, a des impacts sur la santé mentale et physique des populations. Le contexte épidémique est une source de stress. L’isolement au domicile ou dans un lieu dédié à la quarantaine, auquel le public est rarement préparé, peut avoir des effets psychologiques importants.

Partout dans le monde, les populations les plus fragiles et isolées sont davantage exposées et voient leurs conditions de vie déjà précaires de dégrader : sans-abris, personnes âgées isolées ou dépendantes, familles monoparentales, personnes en situation de pauvreté, femmes, exilés… Cette situation sanitaire exceptionnelle peut également engendrer de nouvelles formes de vulnérabilité et d’isolement, plus difficiles à repérer et à combattre, et ce dans de très nombreux domaines.

Les régions et pays les plus pauvres sont les plus exposés, c’est pourquoi le continent africain est au cœur des préoccupations, renforcées par le fait que les mesures de réponse sanitaire impactent aussi fortement les acteurs humanitaires et sociaux et entravent leurs actions alors que leur appui apparait plus nécessaire que jamais. Certaines mesures rencontrent des obstacles dans leur mise en œuvre dans de nombreux pays, notamment en Afrique, quand d’autres ne sont clairement pas suffisantes pour minimiser leurs impacts sociaux. Comprendre quelles populations sont les plus à risque de préjudice est essentiel pour façonner des approches efficaces de l’engagement du public et adapter les réponses de santé publique qui tiennent compte des inégalités sociales, plutôt que de les perpétuer. Cet effort demande que des solutions spécifiques à chaque contexte d’intervention s’attaquent également aux causes profondes des crises humanitaires, et qu’elles soient portées par tous les acteurs humanitaires, du développement et de la paix.

La Fondation Croix-Rouge encouragera particulièrement les projets proposant des réponses aux questions suivantes :

  • Quelles sont les conséquences sociales de la mise en place des mesures sanitaires pour lutter contre le Covid-19 ?
  • Quelles sont les personnes les plus affectées par les conséquences sociales négatives de la mise en place des mesures sanitaires pour lutter contre le Covid-19 ?
  • Quelles sont les nouvelles formes de vulnérabilités engendrées par ces mesures et qui affectent-elles ?
  • Comment les acteurs engagés dans la réponse au Covid-19 identifient-ils et anticipent-ils les conséquences sociales négatives des mesures sanitaires destinées à lutter contre l’épidémie afin de les atténuer ?
  • Quels sont les obstacles et les facteurs qui favorisent l’adoption et le respect des mesures de santé publique en matière de prévention et de contrôle, notamment en ce qui concerne le confinement, la distanciation sociale, l’hygiène, le lavage des mains, etc. ainsi que la capacité des populations vulnérables à respecter les mesures de santé publique ?
  • Quels mesures et messages de protection ciblant les groupes potentiellement vulnérables – tels que les personnes âgées, les personnes en situation de handicap ou celles ayant des problèmes de santé préexistants – pourraient mieux soutenir les interventions ?

Ces questions de recherche ne sont que des pistes proposées pouvant bien sûr être adaptées en fonction de l’évolution de la situation. La conduite de la recherche sera étroitement liée aux projets et dispositifs mis en œuvre actuellement dans le cadre de la réponse au Covid-19 par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge concernées par cet appel, mais également aux dispositifs mis en œuvre à une date ultérieure de cet appel, selon l’évolution de l’épidémie.

Nombre de bourses : 1

Montant : 17 000 €

Le lauréat bénéficiera en outre de :

• suivi scientifique et tutorat personnalisés
• accompagnement dans la valorisation des résultats de la recherche (traduction en anglais, publication sur ce site, soutien pour publier dans des revues d’excellence et notamment dans la revue Alternatives humanitaires, participation aux Rencontres de la Fondation)
• abonnement d’un an à la revue Alternatives humanitaires
• adhésion d’un an à l’IHSA

Dates clés :

• 30 avril 2020 : lancement de l’appel
• 17 mai : clôture 1er cycle candidatures
• 4 juin : clôture 2ème cycle candidatures
• Annonce résultats dans les 2 semaines
• Début des recherches : dès que possible
• Durée des recherches : 1 an

Mots-clés :

• Vulnérabilité
• Épidémie
• Santé
• France
• Afrique

Institution
Date de candidature
Durée
1 an
Discipline
Humanités
Sciences sociales